Les corps élancés, à contre courant,
De terres natales en eaux profondes
Empoignés par l’ardeur des marées incessantes,
Où l’abrupte engouffre les embarcations refuges
De frontières en périls,
Les vaisseaux portent le sang glacé.
“Naufrages fantômes”
L’effroi livide se cristallise
À la mémoire des âmes délaissées en exil
Ici s’élève une sépulture
Submergée d’existences écoulées en survie.
Humanité. Êtres. Vivants.
Démesurément, périssants sur la même sphère.
Sous les eaux, de fosses en rivages,
Les ossements de calcaire et débris symbiotiques
Exposent la détresse blanchissante des récifs coralliens.
Ces édifices ancestraux s’effondrent en onde de choc
Déferlante vertigineuse de disparitions écosystémiques.
Nos vies ramifiées aux dépouilles semblables,
L’union fixée au plus profond de nos entrailles.
Rouge est l’alarme reviviscente.
L’Altérité empaumée
Élève hors de l’abime en un flot primordial
Les souffles courts transmués en clameur polyphonique
Vibrant l’universelle Fraternité.
Installation conçue pour le Muséum d’Histoire Naturelle de Rouen, 2022-2023, matériaux textiles et de récupération.
Crédits Aude Bourgine – Photographies Fred Margueron